L’atmosphère printanière de ces derniers jours a de quoi agiter ceux qui ont la main verte ! Ce mois-ci, le réveil de la végétation s’accélère et c’est le bon créneau pour entretenir ses espaces verts : nettoyage, tonte, taille… D’autant qu’avec une météo ensoleillée, difficile de résister à l’appel du jardin ! Mais au fur et à mesure que l’on amasse des tas de feuilles, de branches, et peut-être même les premières tontes, la question de leur devenir se pose… que faire de tous ces déchets verts ?
Le brûlage des déchets verts : une pratique à bannir
Parmi les étapes indispensables à la préparation du jardin ce mois-ci, figurent le ramassage des feuilles mortes et la taille de certains arbres et arbustes. Mais attention, au sens figuré comme au sens propre : on ne fait pas feu de tout bois. Les éléments issus de la tonte de pelouses, de la taille de haies et d'arbustes, d'élagages, de débroussaillement et autres pratiques similaires, constituent des déchets qu’il faut ensuite éliminer ou valoriser. D’après l’ADEME, l’entretien du jardin pour un particulier génèrerait près de 160 kg de déchets verts par personne et par an. Pour s’en débarrasser, 15% des personnes ayant accès à un jardin ou un espace vert privatif déclarent avoir encore recours au brûlage de déchets verts en 2022 (source)
Considéré comme nocif à la santé et polluant, le brûlage des déchets verts, outre des nuisances toxiques, provoque des fumées désagréables et peut être à l’origine de troubles de voisinage. Il est également la cause de la propagation d’incendie si les feux ne sont pas correctement surveillés et contrôlés.
Contrairement à une idée reçue, l’apport en déchetterie est en effet largement préférable à une combustion à l’air libre pour la qualité de l’air ! En effet car en termes de pollution, la combustion de biomasse peut représenter localement et selon la saison une source prépondérante dans les niveaux de pollution, le brûlage des déchets verts étant une combustion peu performante qui émet des imbrûlés, en particulier si les végétaux sont encore humides. Parmi les polluants atmosphériques émis par un feu de déchets verts, on retrouve :
- des particules (PM)
- des oxydes d’azote (NOx)
- des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP)
- du monoxyde de carbone (CO)
- des composés organiques volatils (COV)
- du benzène
- des dioxines et furanes
La toxicité peut être nettement accrue quand sont associés d’autres déchets comme par exemple des plastiques, des bois traités, des papiers souillés, du carburant, …
Selon le Ministère en charge de l’environnement, 50 kg de végétaux brûlés émet autant de poussières que 3 semaines de chauffage au bois d’un pavillon avec une chaudière bois performante, ou 3 mois de chauffage d’un pavillon avec une chaudière fioul performante. (source), ou, selon des chiffres repris par l’ADEME, 13000 km parcourus par une voiture diesel récente (norme Euro 5). (source)
Les bons gestes
Depuis 2011, le brûlage des déchets verts par les particuliers et les professionnels est strictement interdit (sauf exceptions préfectorales).
D’autres solutions existent pour les particuliers, collectivités et entreprises d'espaces verts qui envisagent d’éliminer leurs déchets verts :
Ce procédé naturel consiste à transformer les déchets organiques (déchets de jardin, de cuisine...) en un terreau de qualité pour les cultures. Il permet de réduire les quantités de déchets produits et fournit un engrais de bonne qualité pour les plantes.
Petits et gros branchages broyés constituent un excellent paillis pour le jardin et le potager. Disposer des tontes de gazon, des copeaux de bois ou des feuilles mortes sur le sol permet de l’enrichir en matière organique et de protéger les souches des températures négatives. Il crée une rétention d’humidité et évite aussi le développement des mauvaises herbes.
Le niveau de particules générées par le brûlage de végétaux est bien supérieur à celui du trajet maison/déchetterie et en plus, les déchets verts y seront valorisés (compostage, co-compostage, électricité ou chauffage selon la stratégie de la collectivité)
Cette technique consiste à laisser l’herbe finement coupée directement sur la pelouse. Cela permet notamment de protéger contre la sécheresse, apporter des éléments nutritifs dans le sol et d’assurer une bonne densité de la pelouse tout en réduisant la croissance de la mousse.
Il est également possible de limiter la production de déchets verts en ayant recours à des pratiques d’entretien des espaces verts adaptées : choix des espèces végétales, adaptation du calendrier des tontes et des élagages...
...Et pourquoi pas jeter les déchets verts dans la nature ?
Il peut être tentant de jeter ses déchets verts dans la nature pour s’en débarrasser… mais c’est interdit ! En effet, l’apport de matière organique peut déséquilibrer un écosystème. Et la décomposition de ces déchets verts issus des jardins ou des parcs n’est pas la même qu'en forêt. Bien qu'ils se dégradent, leur décomposition entraîne des modifications de la faune et de la flore, ils peuvent attirer des animaux (sangliers) mais aussi favoriser le développement de plantes invasives contre lesquelles il faut se battre, comme la renouée du Japon ou l'ambroisie. De plus, certaines essences mettent longtemps à se dégrader et asphyxient de ce fait le sol de nos belles forêts. (source)
S’il n’est pas possible de les composter à la maison, il faudra les emmener en déchetterie, où les conteneurs à végétaux sont toujours prévus. Cela évitera aussi une amende pour dépôt sauvage pouvant aller jusqu’à 1 500 €…